mercredi 29 avril 2015

Résumé

Quand Denise Blanc de l'association « Joue-Moi de La Musique » m'a demandé si j'étais prête à être confrontée à des enfants très souffrants à l'hôpital Necker, j'ai répondu qu'ayant moi-même été une enfant habituée de l'hôpital, je connaissais bien cet environnement et ne ressentais aucune répulsion face à la maladie ou aux gestes médicaux. Je n'ai pas mal vécu l'hôpital, j'y ai été bien accueillie et bien soignée. Mais la plupart des enfants ne vivent pas cette épreuve aussi bien. L'hôpital est un lieu anxiogène. Il fait resurgir des peurs archaïques, abat les barrières de la pudeur, révèle notre dépendance, notre vulnérabilité. Il a l'image de l'endroit où l'on naît, et où l'on meurt. L'hôpital unit le patient et le soignant dans un rapport humain singulier et intime, mais l'hôpital pédiatrique a une particularité : le ou les parents s'ajoutent à cette relation duelle. Il y a donc trois entités humaines qui tentent de communiquer dans un lieu où les émotions et les sensations sont à fleur de peau. Ce qu'on appelle "le triangle de la pédiatrie", connectant enfant, parent et soignant. Ce qui se joue pour chacun lors de l'hospitalisation n'est pas forcément lié à la maladie. Car pour les familles, c'est souvent la séparation qui est l'origine des peurs et des souffrances. Parallèlement au corps physique, le corps familial est mis à rude épreuve. Les soignants de l'hôpital accueillent et reçoivent ces familles dans la douleur. Ils vivent quotidiennement au rythme de ces ruptures, s'accrochant à leur savoir-faire technique et à leur professionnalisme. Si le patient n'est pas sa maladie, le soignant n'est pas un geste technique. Ce sont des sujets, vivant ensemble une expérience difficile. J'ai constaté tout ceci non avec un regard de musicienne ou de thérapeute, mais avec un regard humain. La musicothérapie n'est pas mon angle de regard, mais mon outil. Découvrant les mondes qui structurent la vie hospitalière, j'ai cherché ma place dans l'hôpital et dans ce triangle de la pédiatrie. Ce mémoire traite principalement de cette recherche à travers un cheminement atypique entre les séances improvisées de la salle de pré-anesthésie jusqu'en centre de soins spécifiques. A l'aide de mes outils (voix, percussions, guitare, répertoire de chansons, mais aussi l'humour! ), j'ai construit une approche, j'ai tissé des liens et ai défini peu à peu ma démarche : chercher à reconstruire un espace intime et protecteur pour tous, et ainsi favoriser le "lien thérapeutique" entre enfant, parent et soignant. Si la musique est un son intérieur qui finit par s'exprimer, peut-elle créer un lien entre la maison et l'hôpital? Maman et l'infirmière? Le corps contraint et le corps libre? Le dedans et le dehors?